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DR Congo

SUD-KIVU : La MONUSCO facilite un atelier sur la problématique des enfants dans les conflits armés

ALAIN LIKOTA

Dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, « de nombreux enfants continuent à être arrachés à l’affection de leurs familles, de leurs écoles et de leurs amis pour être utilisés comme des machines à tuer, des relais du mal, quand ils ne sont pas tués eux-mêmes ou mortifiés à jamais par les affres de leur utilisation comme soldats ou comme objets sexuels, et j’en passe » : C’est le tableau sombre dépeint par le Ministre provincial de l’Intérieur, Lwabanji Kasi Ngabo, lors d’un atelier facilité par la MONUSCO à Bukavu, le 11 mars dernier, sur la problématique des enfants et les conflits armés.

L’atelier avait pour objectif la réactivation du Groupe de Travail Technique Conjoint (GTTC) sur les Enfants et les Conflits Armés, après l’interruption en 2017 des travaux de ce groupe, à la suite des développements politiques au niveau national.

La session de Bukavu a réuni une vingtaine de composantes dont les institutions de l’Etat, des ONG nationales et internationales ainsi que des structures onusiennes. Les participants se sont penchés sur les rôles et responsabilités des institutions étatiques dans la protection des enfants affectés par les conflits armés, le processus DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion Communautaire) des enfants, ainsi que la contribution des organisations non-gouvernementales dans la protection de l’enfant dans le Sud Kivu.

La problématique de la lutte contre l’impunité dans la protection des enfants affectés par les conflits armés a été également abordée.

Karna Soro, le Chef de Bureau de la MONUSCO Sud-Kivu estime que « la réactivation du GTTC dans la province du Sud-Kivu est d’autant plus importante qu’elle permettra de fédérer à nouveau nos efforts pour lutter efficacement contre le recrutement et l’utilisation des enfants par les groupes armés, ainsi que les violences sexuelles et autres violations graves commises sur les mineurs par les acteurs qui participent aux conflits. » Cela, a-t-il rappelé, d’autant plus que, dans sa zone de responsabilité, le Sud-Kivu et Maniema, « durant l’année 2020, les Nations Unies ont documenté 500 violations graves des droits de l’enfant commises par les parties au conflit. »

Tout en reconnaissant les défis, Karna Soro soutient une action synergique, martelant la nécessité pour tous les acteurs de « travailler d’une part, en amont, sur la prévention des violations, et, d’autre part, en aval, sur la vérification, la documentation systématique des violations. ».

Le chef de Bureau de la MONUSCO a par ailleurs salué les efforts fournis par les autorités congolaises, qui ont permis de sortir les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), en 2017, de la liste noire des Nations Unies reprenant « les acteurs étatiques qui utilisent les enfants ou qui participent aux violations des droits des enfants ». Cela démontre que « si on veut arrêter de violer les droits des enfants, on peut le faire », a-t-il affirmé.

Si le Ministre provincial de l’Intérieur Lwabanji Kasi Ngabo a crédité au travail du GTTC ce retrait des FARDC de l’annexe du rapport annuel du Secrétaire Général des Nations Unies sur les enfants en situation de conflit armé, il a cependant déploré que de nombreux enfants continuent à être enrôlés par les parties en conflit. Il souligne pour ce faire « l’Impérieuse nécessité de retrousser nos manches afin de toujours travailler ensemble pour mettre un terme à tous ces crimes commis sur les enfants par les parties en conflits dans notre province ».

L’atelier a permis au Groupe de Travail Technique Conjoint d’élaborer une feuille de route basée quatre piliers, notamment la séparation et protection, la prévention, la réponse et la lutte contre l’impunité.

Au nombre des recommandations convenues figurent le renforcement des mécanismes de sensibilisation pour une meilleure prévention des violations graves, le Mapping des zones où les enfants victimes de violations graves demeurent sans assistance et la priorisation de ces zones dans la réponse, l’appui aux institutions judiciaires dans la lutte contre l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles.

Le GTTC s’engage aussi à soutenir l’agenda de la MONUSCO sur la communication avec les groupes armés en vue de la signature d’une déclaration d’engagement et d’une feuille de route pour mettre fin aux recrutements et utilisations ainsi qu’aux autres violations graves des droits des enfants.